Depuis plusieurs années, j’ai pris l’habitude de m’exprimer, au titre de la tradition royale que je représente, en ce jour symbolique du 25 août, qui est celui de la fête de saint Louis, mon aïeul Louis IX, Roi de France.
Cette date, en fin de pause estivale, correspond aussi à la reprise avec le souhait partagé d’entrevoir le profil des prochains mois.
La tâche de gouverner étant liée essentiellement à celle de prévoir, Louis IX nous rappelle sans cesse l’exemple même d’un souverain attentif, proche de son peuple, modèle universel des gouvernants placés au service de ceux qu’ils ont le lourd devoir d’administrer. Le Roi sage et juste, saint et humain tout à la fois.
Pour cette année 2023, les turbulences du premier semestre avec son cortège de violences semblent s’être un peu éloignées.
La France a besoin de ce répit et le moment semble propice pour reprendre des forces et retrouver une sérénité dont elle semble avoir grand besoin.
Parvenue à la fin d’un cycle politique commencé dans les années 1960-70, la France a progressivement vu sa souveraineté amoindrie, son rôle diplomatique diminué, ses industries sacrifiées au jeu d’une mondialisation mal comprise, son système éducatif malmené, ses services publics bradés au point de disparaître plus ou moins dans nombre de territoires.
Ainsi, l’amoindrissement de sa souveraineté -cet élément essentiel qui a été le cœur de l’action des rois de France, des premiers jusqu’à Charles X- a fait que la voix de la France est de moins en moins audible dans le concert des nations. Un exemple nous est donné depuis deux ans sur le théâtre européen, où, dans un contexte compliqué, deux pays s’affrontent dans une guerre fratricide, sans que la France ait su trouver le moyen de délivrer le message « sage et juste » qui aurait pu être donné par elle dans une saine appréciation de tous les aspects du conflit, notamment face aux autres enjeux qui existent dans le monde.
Quant aux évènements de ces dernières semaines survenus en Afrique ils amènent également à déplorer la faiblesse diplomatique de la France, et son absence de grand dessein. Sa voix pourrait être entendue en regard de sa connaissance séculaire de ce continent et de la situation créée par le maintien d’une immigration de masse, fruit d’une pauvreté endémique. Vis-à-vis de cette dernière, rien de porteur d’avenir n’est proposé pour lui trouver un remède et, par conséquent, la situation d’ensemble du phénomène migratoire empire. Or, c’est bien à l’échelle internationale que des solutions doivent être apportées en permettant à tous les peuples de trouver sur place les moyens de leur développement. Tout est possible quand il y a une volonté ; si nous évoquons les aspects alimentaires, pensons aux nations qui, comme la Chine et l’Inde, ont su maîtriser progressivement leurs destins en partant de situations d’une extrême pauvreté. La France, forte de son expérience doit pouvoir œuvrer pour apporter sa contribution à la recherche de solutions adaptées pour les pays concernés.
Quant à la crise sociale elle perdure. Née il y a cinq ans, avec les Gilets Jaunes, dans les provinces, celles de la France profonde et lucide, abandonnées -les territoires périphériques de la république- elle n’a connu qu’un déni de la part des autorités qui se sont contentées d’une répression féroce et de quelques aumônes. Mais rien de profond. Les Français attendaient des mesures structurelles et la prise en compte de leurs réels besoins en matière de commerces et de services publics de proximité, de possibilités de se déplacer. Rien n’a été résolu tant les gouvernants semblent continuer à ignorer les difficultés de la vie quotidienne de la majorité des Français, alors que de nouvelles normes sont constamment imposées, venant incessamment compliquer cette vie quotidienne. Il est donc à craindre que la crise sociale, loin de s’amoindrir, continue et que, très particulièrement, les zones délaissées des secteurs urbains continuent de faire l’objet de pillages et de violences. Ne devons-nous pas avoir conscience, de ce point de vue, du mauvais cadrage de politiques ayant conduit parfois à aggraver, plutôt qu’atténuer, les difficultés soulevées, notamment en renforçant les communautarismes, contribuant à attiser en certains territoires une « haine de la France » dont les conséquences semblent lourdes.
Mais notre devoir à tous est de ne pas désespérer. Même attaquée au plus profond d’elle-même, même incomprise, voire trahie parfois par certains de ses enfants ingrats et ignorants, la France a toujours su manifester dans l’histoire une formidable capacité de réaction.
Or les signes d’une reprise sont nombreux à apparaître çà et là. Et, comme avec Jeanne d’Arc, l’héroïne de 19 ans, c’est assurément de sa jeunesse que notre pays verra poindre son renouveau.
De plus en plus, et cela dans tous les domaines d’activité, de jeunes initiatives émergent. Dans le domaine de l’instruction, le développement de nouveaux établissements d’enseignement libres, incluant la création d’établissements de troisième cycle, survient en vue d’atténuer les carences par trop manifestes d’un système public, non dépourvu de qualités, mais n’en pouvant plus de réformes permanentes et de la perte toujours affichée de sa mission de transmission des savoirs.
Dans le domaine de la famille, les jeunes et les jeunes couples sont également en pointe dans les combats pour la vie. Ils recréent des familles nombreuses et sont les premiers à se proposer pour lutter contre l’abandon des personnes âgées. De nouvelles structures sociales (maisons de retraites, lieux de soins palliatifs) apparaissent à leur initiative, structures dans lesquelles la personne humaine est mise au centre, et non pas les impératifs de gestion, de finance et de profits. Ce sont également des jeunes qui, non seulement entreprennent, mais surtout innovent en explorant les secteurs nouveaux nées des technologies et en pratiquant des modes de gestion novateurs. Sans omettre qu’ils sont désormais nombreux à ne pas hésiter de se tourner vers les carrières du service armé, avec les obligations de dévouement et de sacrifice que ces carrières sous-tendent. Enfin déjà certains se dirigent vers l’administration publique et les structures politiques avec, là aussi, une volonté affichée de se mettre au service du bien commun, en tirant un trait sur des décennies d’individualisme exacerbé et d’influences d’idéologies néfastes. Ainsi, ils préparent les réformes institutionnelles qui s’imposeront peu à peu pour préparer l’avenir de la France.
Il va de soi que j’encourage toutes ces initiatives, admiratif des efforts qu’elles expriment. Elles sont porteuses d’avenir.
Voilà le message d’espoir que je souhaite, en particulier, partager avec tous les Français en cette fête de saint Louis et en cette rentrée 2023.